SHeikh al-Islâm Ibn Taymiyyah (rahimahullâh)
BismiLLehi ar-Rahmâni ar-Rahîm
Les statuts des contrées changent selon le changement de situation de leurs habitants. Une contrée peut être terre de mécréance quand ses habitants sont des mécréants. Elle devient ensuite terre d’Islâm quand ses habitants deviennent musulmans. Ainsi, la Mecque – qu’Allâh l’ennoblisse – était au début terre de mécréance et de guerre, et Allâh a dit :
« Et que de cités, bien plus fortes que ta cité qui t’a expulsé, avons-Nous fait périr, et ils n’eurent point de secoureur. »
[1]
Ensuite, quand le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) la libéra, elle devint terre d’Islâm. Et, en elle-même, elle est mère des cités et la terre la plus aimée d’Allâh. De même, pour la Terre sanctifiée où se trouvaient les colosses qu’Allâh a mentionnés. Allâh – Ta’âla – dit :
« (Souvenez-vous) lorsque Moïse dit à son peuple : Ô, mon peuple ! Rappelez-vous le bienfait d’Allâh sur vous, lorsqu’Il a désigné parmi vous des prophètes. Et Il a fait de vous des rois. Et Il vous a donné ce qu’Il n’avait donné à nul autre au monde. Ô mon peuple ! Entrez dans la terre sainte qu’Allâh vous a prescrite. Et ne revenez point sur vos pas [en refusant de combattre] car vous retourneriez perdants. Ils dirent : Ô Moïse, il y a là un peuple de géants. Jamais nous n’y entrerons jusqu’à ce qu’ils en sortent. S’ils en sortent, alors nous y entrerons ».
[2]
Allâh – Ta’âla – dit encore, quand il sauva Moïse et son peuple de la noyade :
« Bientôt Je vous ferai voir la demeure des pervers. »
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Ces demeures étaient les demeures des pervers quand, en ces temps, les pervers les habitaient. Par la suite, quand les vertueux les habitèrent, elles devinrent la demeure des vertueux. Ceci est un fondement qu’il faut connaître : un pays peut être loué ou blâmé à certains moments du fait de la situation de ses habitants ; par la suite, la situation de ses habitants change et le jugement les concernant change alors. L’éloge et le blâme, la récompense et le châtiment résultent en effet seulement de la foi et de l’action vertueuse, ou de son contraire, la mécréance, la perversion et la désobéissance. Allâh – Ta’âla – dit :
« Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Allâh au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allâh vous observe parfaitement. »
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Et le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) a dit : « Un arabe n’a pas de prééminence sur un non-arabe, ni un non-arabe sur un arabe, ni un blanc sur un noir, ni un noir sur un blanc, si ce n’est par leur piété. Les gens sont tous issus des fils d’Âdam et Âdam est issu de la terre. » Quand il établit un lien de fraternité entre les Emigrés et les Auxiliaires, le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam) en établit un entre Abû ad-Dardâ du Yémen et Salmân d’Irâq, comme délégué de ‘Oumar Ibn al-Khattâb. Il lui écrivit : « Viens vers la Terre sanctifiée ! ». Salmân lui répondit : « Une terre ne sanctifie personne. C’est seulement les actions qui sanctifient l’homme. » [5] Ibn Taymiyyah explique encore que la Mecque – qu’Allâh la préserve – est le plus noble des endroits. Durant l’exclusion de l’Islâm, elle fut une demeure de mécréance et de guerre où il fût interdit d’y résider. Après l’hégire, il fut aussi interdit aux Emigrés d’y retourner y résider. Au temps de Moïse (‘alayhi as-salam) avant qu’il ne sorte d’Egypte avec les fils d’Isrâël, la Syrie était la demeure des Sabéens associateurs (adorateurs du feu), des colosses pervers. Et Allâh – Ta’âla – de dire à son sujet :
« Bientôt Je vous ferai voir la demeure des pervers. »
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Le fait qu’une terre soit terre de mécréance ou terre d’Islâm ou de foi, terre de paix ou de guerre, terre d’obéissance ou de désobéissance, terre des croyants ou des pervers, ce sont des propriétés particulières et pas nécessairement comparables. Une terre passe donc d’une propriété à une autre comme l’homme, en son âme, passe de la mécréance à la foi et au savoir, et vice-versa. Quand la grandeur dure en tout temps et en tout lieu, elle se trouve dans la foi et l’action vertueuse. [7] Ce que l’on trouve généralement dans les paroles anciennes concernant la grandeur d’Ascalon [8] ou d’Alexandrie [9], d’Acre (ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes.), de Qazwîn [10] ou d’autres lieux encore, ce qu’on y trouve comme récits fait qu’il s’agissait de lieux forts (symboliques), non à cause de quelques particularités que tel lieu aurait. Et terre d’Islâm ou terre de mécréance, terre de guerre ou terre de paix, terre de savoir et de foi ou terre d’ignorance et d’hypocrisie, ceci varie en fonction des habitants et de leurs caractéristiques, à la différence des trois mosquées. En effet, elles ont une caractéristique commune, c’est ce qui les distingue, et il n’est pas possible de les en déposséder. [11]
source: manhajulhaq